Historique
Le
Meihuazhuang ("piliers de la fleur de prunier", Mui Fa Jong en
cantonais), abréviation de Ganzhi Wushi Meihuazhuang ("troncs,
branches et 5 formes sur piliers de la fleur de prunier"), est aussi
connu sous le nom de Meihua Quan ("boxe de la fleur de prunier",
Mui Fa Kuen en cantonais). Il est considéré à la fois comme un style
interne et comme un style externe. On le rattache parfois à la secte Kunlun, dont la fondation est souvent attribuée à la figure légendaire de Yun Pan.
Certains font remonter le Meihuazhuang à la dynastie des Han. Longtemps
enseigné uniquement de père en fils, il commença à se diffuser à la fin de la dynastie Ming dans les comtés, entre les provinces de Hebei, Henan, Shandong et Shanxi.
C'est, selon des textes datés du 16e siècle, Zhang Sansheng, maître de la
seconde génération, qui aurait été le premier à l'ouvrir au public, à
Xuzhou (province de Jiangsu).
Zhang
Sansheng transmit le style à son disciple Zou Hongyi, qui s'installa dans
le village de Mazhuangqiao (comté de Pingxiang, Hebei) pour y enseigner les
arts martiaux. Zou Wenjiu et Zou Wenrei, deux de ses successeurs, prirent
des villageois pour élèves. Cui Guangrei donna des cours de Meihuazhuang
dans le village de Qianwei (comté de Guangzong, Hebei). Yangbing, maître de
la cinquième génération, fut garde du roi Kangxi et écrivit un traité, le
Xiwuxu, en 1742. Zhang Congfu, maître de la huitième génération, modifia le
grand Jiazi en petit Jiazi, qui fut diffusé dans les provinces de Shandong
et Shanxi. Wu Qingchang, de la neuvième génération, acquit une grande
renommée dans son village de Dongzhao (Guangzong).
Dans
le village de Wangjiazhuang (comté de Wuqiang, Hebei), au temple de
Guandimian, s'était installé Li Tingji, du village de Qujiazhuang (comté de
Wei, Hebei). Li Tingji, qui pratiquait le Meihuazhuang, y entraîna les
villageois. Il eut pour élève Ren Junjie, qui étudia également avec Li
Tinggui, le frère de Li Tingji. Ren Junjie enseigna à son tour à Yin Mochi
et à Zhao Yinlian, qui eut pour disciple Han Qichang. Ce dernier
introduisit le Meihuazhuang à Beijing, où il enseigna notamment à son fils
Han Jiangzhong et à son petit-fils Han Chao.
Le
Meihuazhuang joua un rôle non négligeable lors de la révolte des Boxeurs
(1898-1901). Feng Keshan, un des chefs du Baguajiao (Société des 8
Trigrammes) et Zhao Sanduo, leader du Yihetuan (Groupe de la justice et de
l'unité), étaient en effet des maîtres de Meihuazhuang.
Technique
Le
Meihuazhuang se divise en deux parties :
le
Wenchang, qui regroupe les aspects théorique, philosophique et artistique
du style,
le
Wuchang, qui enseigne le Wugong, la technique martiale, qui se compose du
Jiazi, du Ba Fang, du Chengquan, du Yingquan, du maniement des armes et du
Qigong (travail de l'énergie interne).
L'entraînement
se divise en 5 stages :
1er
stage : période de stretching en vue de l'amélioration de la souplesse.
2e
stage : Jibengong (entraînement de base) et Jiazi ("construction du
cadre", l'enchaînement de base).
3e
stage : Chengquan ("travail sur le poing des réussites"). On
s'entraîne à deux, en vue du combat réel.
4e
stage : Yingquan ("travail sur le poing de la victoire"). Deux
adversaires s'opposent dans des combats.
5e
stage : Gongquan ("poing du succès") ou Ningquan ("poing de
la préférence"). Il n'y a pas de limite de techniques ni du nombre
d'adversaires.
Les
pratiquants commencent l'apprentissage en étudiant le Jiazi, ou
enchaînement de base, qui consiste à exécuter Zhuangbu des deux côtés dans
neuf orientations. Il combine :
cinq
postures statiques ou Zhuangbu : Dashi ou grande forme (métal), Shunshi ou
forme avec une jambe en avant (eau), Aoshi ou forme avec l'autre jambe en
avant (bois), Xiaoshi ou petite forme (feu), et Baishi ou forme vaincue
(terre). Ces postures sont maintenues le temps de plusieurs inspirations et
expirations successives afin de développer le Qi (énergie interne) et de
renforcer le corps.
trois
déplacements ou Xingbu : Zhafa ou méthode du déplacement vers l'avant
(pratiqué sur une ligne parallèle à la ligne de départ), Baifa ou méthode
de la projection d'un côté à l'autre (pratiqué sur une ligne
perpendiculaire à la ligne de départ), Shefa ou méthode du déplacement vers
l'arrière (pratiqué sur une ligne en diagonale par rapport à la ligne de
départ).
On
dit que le Jiazi se pratiquait autrefois au sommet de piliers ; ce type de
travail fut abandonné par la suite, c'est pourquoi le style est parfois
nommé Luodi Ganzhi Wushi Meihuazhuang, le "Ganzhi Wushi Meihuazhuang
au sol".
Deux
formes sont particulièrement répandues en Chine, la "grande
forme" ou Dajia, et la "petite forme" ou Xiajia, de création
plus récente due à Zhang Congfu.
Le
Bafang est une méthode spécifique de déplacements en combat, qui comprend :
Bafangbu (pas des 8 directions), grand Bafangbu (pas en des points placés
de façon chaotique), Bafanbu moyen (pas en 5 points), petit Bafangbu (pas
en 3 points).
L'étude
du Bafang est suivie de celle du Chengquan, une méthode d'entraînement à
deux, qui permet de s'exercer aux techniques de lutte et de frappe, aux
saisies, aux clés, aux projections, aux chutes et roulades, etc.
Viennent
ensuite trois pratiques supérieures : Yingquan (combat libre contre un seul
adversaire), Ningquan et Gongquan (combat libre contre plusieurs
adversaires).
Les
méthodes de combat à mains nues s'exécutent à 3 niveaux :
niveau
haut : diao (s'accrocher), na (attraper), suo (sceller), dai (tirer), gou
(crocheter), lou (ratisser), bao (raboter), da (frapper), beng
(s'effondrer), tiao (déchirer), pi (couper), za (briser).
niveau
moyen : zhan (toucher), nian (coller), lian (continuer), sui (suivre), xi
(attirer), xie (décharger), rou (doux), hua (changer), tui (pousser), tuo
(lever), ling (contrôler), dai (tirer), zhan (tournoyer), zhuan (tourner),
niu (visser), zeng (enlever), aibang (contact des bras), jikao (appuyer),
weishen (appuyer avec le corps), kaoda (frappe inclinée).
niveau
bas : ti (coup de pied en étendant la jambe), dian (coup de pied en
pointe), jie (stopper), zhuang (pousser en dehors), gou (crocheter), gua
(suspendre), cai (marcher sur), pian (aller en cercle), die (chuter), pu
(frapper fortement), gun (rouler), fan (renverser), qianhou saotang
(balayer), zuoyou chengba (élever en poussant).
Les
armes de base du style sont le qipan daqiang (grande lance de l'échiquier)
et le chunqiu dadao (hallebarde du printemps et de l'automne). Les armes
couramment utilisées sont : dao (épée à double tranchant), lance, jian
(épée droite), ji (lance munie d'une lame en croissant à une extrémité),
hache, yue (grande hache avec une lame en crochet), crochet, trident. Parmi
les armes les plus rares, on trouve : dangpa (trident), yanchi dang
(trident des ailes d'hirondelle), lanma jue (rênes en bois), tiji (ji
levé), wenbang (gourdin civil), wuhu shengou (crochets magiques des 5
tigres), chenxiang guai (béquille du parfum épais), huping guai (béquille
qui rend le tigre tranquille), liuxing guai (béquille météore), jiuhuan
xizhang fangbian chan (bêche comfortable avec une poignée en étain et 9 anneaux),
nanyang cha (fourche du soleil du sud), meihua kun gun (perche du trigramme
`kun' du meihuazhuang), fenghuo lun (anneau du vent et du feu)...
Le
Meihuazhuang possède de nombreux enchaînements à deux : mains nues contre
dague, mains nues contre lance, mains nues contre dao, deux dagues contre
lance de la fleur, dao-béquille contre lance de la fleur, paire de dao
contre lance, paire de béquille contre lance, fourche-trident contre
hallebarde, combat de wuhu shengou, combat de perches, combat de grandes
perches, combat de dao, combat de jian, chenxiang guai contre lance fleur,
combat de paires de béquilles...
Dashou_ge

|