Le Mei Hua Zhuang ou Mei Hua Quan est un art martial chinois qui respecte les règles de bases communes à tous les arts martiaux. En Chine, le Meihuazhuang est une forme particulière de Kungfu Wushu, alors qu’en France, il est seulement pratiqué sous sa forme interne à la manière d’un Taiji Quan dynamique intégrant des éléments de Qi Gong, mais ses particularités ne le classe dans aucune de ces disciplines.
Le Meihuazhuang laisse une certaine liberté d’évolution dans les gestes tant qu’ils respectent les règles martiales. Il est polymorphe selon les régions et les maîtres, mais il n’est pas question d’école liée à un maître, un endroit ou une époque dans le Meihuazhuang. Il est ouvert à l’évolution tout en reposant sur une structure de base immuable et si l’on parle bien de Grande Famille et de Petite Famille dans le Meihuazhuang, cette dernière forme pratiquée en France découle de la première par l’introduction de postures statiques liées aux cinq éléments rappelant celles du Qi Gong ou du Yoga. Il n’y a aucune notion de classement, de concours ou de contact physique visant à prendre l’ascendant sur un partenaire dans les formes courantes du Meihuazhuang. On va même jusqu’à s’interdire les mots « gymnastique » ou « sport » pour éviter toute idée de compétition ou de sortie du cadre strict des arts martiaux. Bien que le travail préparatoire au Meihuazhuang soit une forme de gymnastique de santé, le Meihuazhuang reste fondamentalement un art martial au sens le plus noble du terme, excluant ainsi également toute idée d’enrichissement pécunier.
Il y a des rencontres régulières de Meihuazhuang en Chine, mais il s’agit de rencontres informelles et festives qui servent à présenter les diversités de la pratique. Il existe des formes de combat dans le Meihuazhuang, mais celles-ci sont réservées aux pratiquants de niveau ultime et ne sont généralement pas visibles du public. Ces formes ne sont pas enseignées au niveau des associations locales, car elles relèvent d’un niveau d’enseignement qu’on ne peut trouver qu’en Chine.
Le Meihuazhuang n’est ni un sport de combat, ni un sport de compétition et compte tenu de la problématique de l’enrichissement pécuniaire, il est incompatible avec une démarche de type fédérale française ou olympique en l’état actuel des choses. En tout état de cause, il n’y a ni grade, ni degré de classement, ni signe distinctif de niveau dans le Meihuazhuang. Lorsque l’on parle de niveau supérieur ou ultime, il s’agit d’un jugement de valeur d’un enseignant par rapport à l’aptitude d’un élève à accéder à telle ou telle technique.
Le Meihuazhuang se pratique essentiellement en extérieur, autant sur un carré de 1.50 ml de côté que sur un stade. Il peut se pratiquer seul, à deux ou encore avec un partenaire au sein d’un groupe. A chacune de ces situations correspond une pratique adaptée à la manière d’une chorégraphie et l’on pourra ainsi pratiquer le Meihuazhuang en carré, en ligne, en cercle, sur plusieurs lignes, sur plusieurs cercles, le seul point commun de toutes ces figures étant un centre.
En plus de l’adaptation à l’espace et au nombre de pratiquants, la forme elle-même s’adapte au niveau du pratiquant, ce qui signifie qu’un même geste pourra évoluer selon les capacités du pratiquant. Cette particularité n’est pas toujours bien vécue par certaines personnes, car elle exige une souplesse d’esprit conforme au principe taoïste de la mutation permanente. Cette impermanence relative, loin d’être une torture psychologique, est de fait la clé qui permet à un pratiquant d’acquérir des gestes techniques trop complexes au départ.
A l’exception de la pratique en solitaire et quel que soit le cas décrit précédemment, le Meihuazhuang se pratique fondamentalement face à un partenaire au sein d’un groupe. Dans les formes de base courantes en France, il n’y a pas de contact entre partenaires autre qu’énergétique et c’est bien l’esprit de groupe qui est privilégié dans le Meihuazhuang, car il a l’avantage de faire bénéficier chacun des pratiquants de l’énergie collective. La notion de partenaire fixe n’est pas d’usage et les partenariats sont fondamentalement aléatoires. Le contact convivial entre partenaires existe néanmoins dans les formes plus avancées de combat et d’armes à deux qui nécessitent effectivement un partenaire fixe pour l’entraînement.
Histoire du Meihuazhuang
Le Meihuazhuang est un art martial très ancien, voire ancestral. La politique de table rase quasi récurrente à chaque changement de régime ou de dynastie a contribué à la destruction méthodique des preuves et il est donc difficile d’étayer une quelconque affirmation historique dans beaucoup de domaines y compris celui des arts martiaux. Cette situation a également favorisé de tout temps la transmission orale du savoir en Chine. Une recherche archéologique récente en Chine fait remonter le Meihuazhuang au 16ème siècle. Mais il est fort probable que cet art martial existait déjà bien avant l’époque Han (environ 2 siècles av. JC). Les guerres incessantes et l’instabilité politique permanente ont de tout temps poussé les gens à se défendre par tous les moyens possibles, d’où la prolifération des arts martiaux en Chine. Le Meihuazhuang est ainsi essentiellement lié à la paysannerie du bassin historique de la Chine et est géographiquement concentré dans une poche située entre l’actuel Shandong, le Henan et le Hebei. Le Meihuazhuang est lié au Yihequan que les Chinois connaissent encore bien de nos jours et ce sont essentiellement des pratiquants du Meihuazhuang qui sont à l’origine du mouvement des « Boxeurs » (1). Cette organisation plus ou moins secrète dont le pouvoir impérial s’est servie pour fomenter une rébellion visant à se débarrasser des étrangers, fut interdite en 1901. Le Meihuazhuang fut également interdit dans la foulée, mais survécu tant bien que mal sous le manteau comme beaucoup d’autres arts martiaux. Il n’a ouvertement réapparu que dans les années 1990 et ceci explique son arrivée relativement tardive en Occident comparé à d’autres disciplines chinoises.
* (1) Nous recommandons la lecture de la thèse sur le Mouvement des Boxeurs de Yan Yan décrivant de manière argumentée et détaillée cette époque précise de l’Histoire de Chine. Le livre montre également sans le vouloir que les occidentaux ne peuvent pas comprendre la Chine d’aujourd’hui si cet épisode historique majeur est zappé.
Après l’avènement du communisme avec Mao Ze Dong, les règles de la pratique des arts martiaux ont été sérieusement malmenées au gré de logiques politiques schizophrènes. L’organisation des arts martiaux de nos jours est l’héritière de cette situation et la volonté ouverte de main mise politique de contrôle du sport n’a pas eu que des avantages. On peut certes saluer une vraie démocratisation des arts martiaux et une plus grande divulgation des techniques, mais la concentration du pouvoir dans des mains souvent plus opportunistes que compétentes contribue également à faire chuter la qualité générale de la pratique en Chine comme en France.
Le Mei Hua Zhuang a su se préserver pour l’instant de ces dérives et son enseignement direct de maître à disciple est resté ancestral. C’est aussi ce qui explique son relatif isolement dans les campagnes du Shandong, du Henan et du Hebei. Il est généralement absent des grandes villes de Chine et représente ainsi un véritable bijou d’authenticité qui reste encore à découvrir. Le Meihuazhuang a été inscrit aux patrimoines immatériels de Chine en 2007 en qualité de trésor national, mais en dépit d’une volonté politique ouverte pour sauvegarder le patrimoine culturel chinois, l’évolution actuelle de la Chine pourrait rapidement sonner le glas de l’ensemble des valeurs traditionnelles chinoises, Meihuazhuang y compris. Malgré une forme assez restrictive dans le choix des enseignants, le Meihuazhuang reste néanmoins un art martial ouvert et accessible à tous dans le respect de la personnalité de chacun. Il n’y a évidemment aucun message politique ou religieux dans cette discipline qui met très en avant les valeurs de respect, de tolérance, d’humilité, d’abnégation et de non-violence.
L’Association Européenne de Meihuazhuang s’est fixée comme devoir moral de participer à la sauvegarde de cet art martial encore relativement préservé de la jungle rentabiliste actuelle. Les chartes que les associations locales distribuent à leurs pratiquants vont dans ce sens et l’association Yinxing s’inscrit également très clairement dans cette démarche.
Vous trouverez des compléments d’informations sur le MHZ auprès de l’Association Européenne de Meihuazhuang.